La cohésion sociale en question(s)

Christelle Stiel

Mesurer notre plus-value sociale

Regarder la vidéo

Chargée de projets chez Habitat en Région, Christelle Stiel co-anime en 2017 l’atelier « attributions et peuplement » sur le thème de la « culture d’entreprise de la cohésion sociale ».

En 2017, vous avez organisé des ateliers sur la cohésion sociale avec des collaborateurs des sociétés du Groupe. Pourquoi cette démarche ?

C.S. L’idée est d’examiner ce que signifie pour nos bailleurs « être acteur de la cohésion sociale », de définir les différentes actions qui contribuent à l’élaboration d’une culture partagée. L’objectif de ce travail collectif est de créer des passerelles entre les sociétés et ces échanges suscitent beaucoup d’enthousiasme.

Ces travaux ont donné lieu à une enquête sur la représentation que les collaborateurs se font du bailleur « acteur de la cohésion sociale ». Qu’a-t-elle révélé ?

C.S. Cette enquête a permis de mettre en évidence les multiples actions du bailleur, depuis la relation et la gestion de proximité auprès des locataires jusqu’à toutes les actions visant à promouvoir la citoyenneté, l’insertion ou l’accès aux droits. On constate que le concept de cohésion sociale n’est pas toujours compris par tous les métiers, même si on sent de manière sous-jacente qu’une vraie culture Groupe s’est déjà diffusée dans toutes les strates des entreprises. C’est une grande satisfaction ! Les équipes de proximité sont naturellement plus concernées, mais celles qui sont éloignées du terrain conçoivent moins bien comment le métier de bailleur peut aussi consister à favoriser le mieux vivre ensemble.

 

Avec le groupe de travail, nous allons désormais identifier les moyens d’aller encore plus loin pour inciter les sociétés à s’emparer du sujet. Nous avons ainsi pu formuler des préconisations : renforcer des démarches de projets où la question de la cohésion sociale soit la clé d’entrée et, en interne, proposer de mettre en place des modes d’organisation des équipes qui permettent le croisement des points de vue et des expériences. Notre objectif est ensuite de créer des outils pour relayer les pratiques des sociétés, concevoir une méthodologie et enfin donner à voir les impacts de notre action en mesurant l’utilité sociale liée à l’activité du bailleur.

Comment peut-on mesurer la plus-value sociale d’un bailleur ?

C.S. Nous n’en sommes pas encore là. Nous travaillons sur des indicateurs qui nous permettent de quantifier la cohésion sociale au sein du groupe Habitat en Région, et ce dans toutes ses dimensions. Une fois ce travail abouti, nous pourrons alors travailler sur la mesure de l’impact social. En analysant à la fois des données inhérentes à notre métier (le pourcentage de population éligible au logement très social, le pourcentage du patrimoine situé en QPV (quartier prioritaire de la ville), le taux de mutations ou encore le nombre d’hébergements spécifiques) comme des données liées à une activité qui va au-delà du métier de bailleur (nombre d’associations partenaires, les nombres d’heures d’insertion réalisées dans les chantiers, les crédits accordés à des fonds d’innovation), nous montrons comment nous contribuons réellement à la cohésion sociale.

 

Tous ces indicateurs vont nous permettre d’identifier la façon dont s’incarne la cohésion sociale dans les sociétés et comment le Groupe Habitat en Région se donne les moyens pour en faire plus que ne l’exige son strict cœur de métier. Quand on met en place des actions d’accompagnement social, on regarde toujours le coût qu’elles représentent, mais rarement le retour sur investissements à moyen et long terme sur la vie des résidents. C’est très important, car la mise en place d’indicateurs nous permettra d’aller plus loin.

Vous menez une action à la cité Mignot à Lyon, est-ce une façon d’aborder le sujet de la cohésion sociale de manière concrète ?

C.S. Je travaille à 20 % de mon temps pour la SA Régionale HLM de Lyon. C’est ma façon de rester proche du terrain, car développer des politiques de cohésion sociale en décalage avec les attentes réelles est un risque constant. Lyon est en train de mener un projet urbain très important dans le quartier de Confluence, où est située la cité Mignot. Ce site, qui a près de cent ans et qui fait l’objet d’un vaste chantier d’écorénovation, a des valeurs patrimoniales et architecturales fortes, mais aussi des habitants qui ont une histoire. Une enquête sociologique nous a révélé leur manière de voir l’évolution de leur quartier et des relations entre voisins. En démarrant l’opération de réhabilitation, nous avons tenu à les associer pour mieux prendre en compte leurs usages et leurs pratiques dans leur logement, mais aussi dans leur immeuble et leur quartier. C’est ainsi qu’un comité de résidents s’est mis en place pour identifier ensemble des actions à mener. Plusieurs pistes sont aujourd’hui à l’étude, autour du bien vieillir, de la santé, du bricolage, de la cuisine… et beaucoup d’habitants sont déjà prêts à partager leurs savoir-faire. Grâce à notre réseau, nous identifions des associations et des acteurs locaux pour nous accompagner dans ces projets. C’est là que la cohésion sociale se crée.