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Responsable développement social chez Sia Habitat, Florence Mini est en charge du projet HACT, acronyme de l’Habitant au cœur de tout, un ambitieux projet de réhabilitation pour la cité minière du Pinson de Raismes (59) inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2012.
Quels sont les enjeux de cette réhabilitation ?
F.M. La cité du Pinson se situe au cœur d’un bassin qui a été marqué par l’épopée minière et qui se relève difficilement de l’arrêt de la mono-industrie. Ce bassin exemplaire qui a été le lieu de toutes les avancées sociales, techniques et architecturales, a sombré petit à petit dans un marasme économique sans précédent. Son inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco lui a redonné de la valeur : il est à présent identifié sur la carte du monde comme un territoire où s’est écrite une partie de l’histoire de l’humanité. Mais cela n’était pas suffisant. En 2017, le gouvernement a décidé de donner un coup d’accélérateur au bassin minier, lutter à la fois contre la précarité énergétique et notamment pour la remise à l’emploi des habitants. Il a désigné une mission interministérielle qui répond à un Engagement pour le renouveau du bassin minier, en lien avec les collectivités et les bailleurs sociaux. Chez Sia Habitat, le projet HACT est un signe fort de cet engagement : une réhabilitation qui met « l’habitant au cœur de tout », en adéquation avec le plan stratégique Groupe. Il fait du bailleur un acteur de développement des territoires.
Quels sont les objectifs de ce projet ?
F.M. Le premier bénéfice direct est d’augmenter le pouvoir d’achat des locataires en diminuant leur facture charges et en leur permettant de tirer parti des ressources de leur habitat. Mais ce projet n’est pas qu’une réhabilitation thermique. L’idée est d’aller plus loin en s’appuyant sur trois piliers pour redynamiser cette cité : le bâti avec l’isolation thermique ; le locatif en vérifiant que les logements sont bien adaptés aux besoins de leurs locataires ; et enfin le pilier citoyen afin de rendre l’habitant acteur de son quartier.
Une réhabilitation dure environ trois ans. Nous voulons profiter de ce temps-là pour connaître nos habitants, lever certains freins et faire de cette cité centenaire une vitrine de l’innovation sociale du xxie siècle.
Qu’est-ce que cela signifie concrètement ?
F.M. Nous avons réalisé une étude sociale par le biais d’entretiens avec les habitants et avons pris conscience que ces logements construits pour les mineurs ne sont plus adaptés aux compositions familiales actuelles.
Nous avons travaillé avec des architectes et le laboratoire de l’université de Valenciennes pour concevoir une cloison modulable qui permet d’ajouter une chambre de plain-pied quand on ne peut plus accéder aux étages ou quand la famille s’agrandit…
Nous avons engagé d’autres actions comme un jardin pédagogique en permaculture. Le jardin, c’était un élément fondamental de la cité minière, un petit joyau bien entretenu et nourricier. L’idée était de le revaloriser dans le but d’augmenter les ressources des habitants : en consommant ses propres légumes, une famille peut faire un peu plus de 300 euros d’économies annuelles par personne… c’est considérable ! Cela fonctionne : nous venons de récolter les premières productions.
Nous avons également mis à disposition des gens du quartier une maison que l’on appelle le « tiers lieu ». C’est là désormais qu’ils se retrouvent, échangent et recréent des liens. Nous envisageons d’y organiser des ateliers de couture pour recycler des vêtements, car ici, il y a un vrai savoir-faire : tous les foyers ont une machine à coudre. Nous encourageons les gens à créer une activité et les aidons à devenir autoentrepreneur.
Sia Habitat a recruté des jeunes en service civique dont la mission est d’assurer le lien, de répondre aux besoins. Ils donnent une autre image du bailleur : un acteur présent et prêt à avancer avec les habitants.
Quel est l’intérêt du bailleur ?
F.M. La valorisation du patrimoine et l’attractivité de la cité dans un premier temps. Pour un bailleur c’est un investissement et nous avons mis en place des indicateurs pour en mesurer les impacts. On constate déjà que le nombre d’appels au centre de relation client a baissé, qu’il y a moins de dégradations. Grâce à cette dynamique, il y a moins d’impayés et moins de vacance.
Le métier de bailleur aujourd’hui ne ressemble en rien à celui d’hier ?
F.M. Il est en train d’évoluer, et ce qui est très valorisant, c’est qu’il y a un effet miroir sur les salariés : désormais lors d’une réhabilitation, on travaille en mode projet et toutes les compétences sont réunies autour de la table : le chargé d’opérations, le responsable patrimoine, le responsable développement social, le gestionnaire locatif. C’est un travail transversal auquel 100 % des salariés adhèrent. C’est d’autant plus fort qu’ici nous sommes sur un territoire en résilience qui cherche à se réinventer et à avancer en prenant appui sur son histoire.