La cohésion sociale en question(s)

Catherine Le Vot

Un toit, c’est tout

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Chargée de clientèle et attribution, à la SA HLM de l’Oise depuis 6 ans, Catherine Le Vot travaille à Beauvais et est la référente du club métier des chargées d’attribution de son entreprise.

En quoi consiste votre mission au sein de la SA HLM de L’Oise ?

C.L.V. Je contribue au relogement de familles éligibles au logement social. Concrètement, cela signifie instruire les dossiers qui seront présentés en commission d’attribution, vérifier qu’ils sont complets et qu’ils correspondent bien au type de logement demandé.

L’attribution peut-elle être un outil de mixité sociale ?

C.L.V. Oui, elle y contribue. Les commissions d’attributions doivent d’ailleurs respecter un certain nombre d’obligations réglementaires pour favoriser la mixité et éviter les cloisonnements. Notre population s’y prête bien, car elle est hétérogène : des actifs, des foyers fragiles avec peu de revenus (les foyers gagnant deux salaires sont rares), un grand nombre de familles monoparentales, des gens bénéficiant du RSA. Les ménages prioritaires, reconnus comme tels au titre du droit au logement opposable (DALO), sont les femmes victimes de violences conjugales, les personnes en situation de handicap, hébergées ou logées temporairement, celles qui vivent dans des logements insalubres ou qui sont menacées d’expulsion, les réfugiés et les ménages n’ayant pas reçu de proposition de logement dans un délai de plus de 24 mois.

 

Si favoriser la mixité est envisageable sur une ville comme Beauvais, en revanche, c’est plus compliqué en milieu rural. Le manque de moyens de transport, d’écoles, de services publics oblige à posséder un véhicule, et donc à avoir un certain pouvoir d’achat. Beaucoup de paramètres sociaux sont à conjuguer pour que l’attribution soit constructive pour chacun et donc pour tous.

D’après vous, la mixité est-elle une condition de la cohésion sociale ?

C.L.V. Pour moi, la cohésion sociale ne peut exister que si tout le monde a un toit, quels que soient ses origines et ses revenus. C’est de la justice sociale, chacun doit avoir sa part de justice pour s’intégrer et évoluer dans la société. C’est important de pouvoir dire : « J’habite ici, j’appartiens à un quartier », c’est le moyen de s’inscrire dans une petite société et ça crée de la cohésion.

 

L’harmonie est à cette condition. Cependant, il y a plus de cohésion avec de la mixité, car chacun vient avec son vécu, son parcours, sa catégorie sociale, son origine ethnique et si cela peut être déclencheur de friction, c’est aussi le moyen de se retrouver autour d’un bien commun et de ne pas s’enfermer dans sa communauté.

Vous êtes référente du club métier des chargées d’attribution. Qu’est-ce que cela vous apporte ?

C.L.V. Un nouveau souffle dans la pratique quotidienne de mon métier ! Toutes les chargées d’attribution travaillent en agence et c’est très constructif d’échanger une fois par trimestre sur nos expériences, nos difficultés. Cela nous permet de mettre en place des procédures pour traiter certains cas comme des modifications dans le statut d’une famille, des divorces, des décès… Nous abordons les dossiers différemment et cela nous pousse à nous remettre en question. Ce qui nous réunit, c’est de se dire qu’on va améliorer la vie d’une famille, c’est très gratifiant.